La ruée vers l’intelligence artificielle fait bondir le trafic web qu’elle génère, mais la domination de Google reste écrasante : le fossé se comble, lentement mais sûrement.
Un envol fulgurant du trafic IA… qui reste marginal
Le trafic issu des intelligences artificielles a explosé de 970 % en un an, selon un rapport d’Ahrefs. Entre juin 2024 et juin 2025, ce volume a été multiplié par dix, dans un contexte où le trafic global sur internet reculait de 21 %. Cette progression confirme l’appétit grandissant pour les chatbots et assistants numériques, alors même que les habitudes de recherche et de consommation de contenus se transforment à grande vitesse.
L’étude détaille que ChatGPT concentre 83 % du trafic IA, loin devant Perplexity (10 %) et Copilot (4 %). Un déséquilibre révélateur de la place prise par l’outil d’OpenAI, pendant que les autres acteurs peinent à exister.
Le gouffre avec Google reste abyssal
Malgré cette croissance spectaculaire, le trafic IA reste 210 fois plus faible que celui dirigé par Google. Même si l’écart se réduit (il était encore de 345 pour 1 plus tôt dans l’année), le moteur de recherche conserve un quasi-monopole : près de 40 % du trafic référent total provient encore de lui. Reddit, en revanche, attire désormais moins de visiteurs qu’un assistant IA comme ChatGPT, signe que les cartes commencent à être rebattues.
À noter que la mesure précise du trafic IA est entravée par l’absence d’identification claire dans certains cas, notamment pour les fonctionnalités IA intégrées à Google, ce qui complique l’analyse.
Des défis techniques pour mesurer l’impact des IA
La question de l’attribution du trafic IA reste l’un des grands défis pour les éditeurs et spécialistes SEO. Patrick Stox, chercheur cité dans le rapport, souligne qu’il est aujourd’hui quasi impossible d’isoler sans ambiguïté les visites apportées par les IA des autres sources. Entre plateformes qui masquent l’origine du trafic et outils analytiques incapables de distinguer certains signaux, la fiabilité des mesures reste limitée.
Malgré ces obstacles, l’intérêt pour le trafic IA grandit : il devient un indicateur scruté de près, d’autant que les dynamiques entre search traditionnel et IA s’opposent de plus en plus.
La recherche traditionnelle en déclin, l’IA en essor
Depuis un an, le trafic organique issu de la recherche classique chute de 21 %, en partie à cause des réponses enrichies par l’IA qui retiennent les internautes sur la page de résultats. Ces avancées offrent une expérience plus directe, mais réduisent les clics vers les sites externes.
Ce repli participe à la montée en puissance du trafic IA, même s’il reste pour l’instant inférieur à 1 % du trafic total sur la majorité des sites étudiés. Glenn Gabe, président interrogé dans l’étude, met en garde contre une surestimation de l’impact immédiat des IA : Google reste le principal pourvoyeur de visites qualifiées.
Un trafic IA qui convertit mieux ?
Certaines entreprises remarquent toutefois que les visites issues des IA affichent des taux de conversion supérieurs. Les internautes guidés par un assistant arrivent souvent avec une intention plus affirmée, ce qui pourrait conférer à ce canal une valeur stratégique croissante à l’avenir.
Vers un nouveau paysage numérique
Cette mutation du trafic web signe un bouleversement en cours pour l’écosystème digital. La diversification des canaux, le rôle des IA comme médiateurs de contenus, et la difficulté croissante à suivre l’origine des visiteurs forcent les professionnels à revoir leur approche en matière de stratégie d’acquisition et de fidélisation.
Si Google conserve son trône, la progression fulgurante des IA dans les habitudes des internautes annonce des transformations profondes dont l’ampleur ne pourra être mesurée qu’avec les prochains rapports. Le paysage du référencement et de l’audience web n’a sans doute jamais été aussi mouvant.