Le réseau social minimaliste de Meta accueille ses premières annonces vidéo, un pari risqué qui pourrait redéfinir son ADN.
Les vidéos sponsorisées débarquent discrètement dans le fil de Threads
Threads, la plateforme développée par Meta pour rivaliser avec X (ex-Twitter), entame une nouvelle phase de son développement. Lors de l’événement IAB NewFronts 2025 à New York, Meta a annoncé le lancement progressif de publicités vidéo directement intégrées au fil d’actualité. Présentées comme une opportunité pour les marques et un levier de croissance pour la firme, ces vidéos sponsorisées font leur apparition sous le nom de l’annonceur, dans une tentative de transparence assumée.
Depuis son lancement il y a deux ans, Threads s’était surtout fait remarquer par sa simplicité d’usage et son expérience fluide. En y injectant des formats publicitaires, Meta change de cap, tout en assurant vouloir préserver la légèreté de l’interface.
Une stratégie familière, mais un contexte différent
Ce mouvement s’inscrit dans une logique bien rodée chez Meta : créer une audience, puis ouvrir la voie à la monétisation. Facebook et Instagram ont emprunté le même chemin, avec des succès variables selon les formats et les périodes. Mais Threads, encore jeune et perçu comme un espace plus intimiste, pourrait être plus sensible à l’intrusion publicitaire.
Meta assure que le déploiement sera « progressif et réfléchi », avec une priorité donnée à l’expérience utilisateur. Ces formats vidéo auraient été testés en coulisse pendant plusieurs mois, aux États-Unis et au Japon, pour affiner leur réception. Leur apparence ? Des clips aux formats souples (du 19:9 au 1:1) pour mieux s’intégrer aux discussions en cours. Reste à savoir si cela suffira à éviter le rejet.
Threads muscle ses outils pour séduire créateurs et marques
Parallèlement à cette annonce, Threads continue d’enrichir son écosystème. Parmi les dernières nouveautés : la planification de publications jusqu’à 75 jours, la possibilité de modifier les reposts, ou encore le lancement de ThreadsDeck, un outil de gestion multi-contenus calqué sur TweetDeck.
L’objectif est clair : transformer Threads en une plateforme de création et de pilotage plus complète, sans renier ses racines. Des outils analytiques avancés ont aussi fait leur apparition, traduisant une volonté d’attirer des utilisateurs professionnels ou semi-professionnels.
En misant sur cette combinaison d’utilité, sobriété et maintenant rentabilité, Meta espère faire de Threads un acteur pérenne dans l’univers des microblogs, et pas simplement une réponse conjoncturelle à la crise de Twitter/X.
Une approche vidéo pensée pour être digeste
Les premiers retours d’expérimentation ont visiblement convaincu Meta d’aller plus loin. L’entreprise teste aussi sur Facebook des innovations techniques, comme l’intégration de pixels invisibles dans les vidéos, visant à rendre les publicités plus immersives sur mobile. Une manière d’optimiser l’attention sans perturber le visionnage.
Ce raffinement technologique révèle une chose : la publicité ne doit plus interrompre, mais accompagner. Sur Threads, où l’interaction est rapide et les contenus éphémères, cette promesse sera mise à l’épreuve.
Le pari risqué d’une monétisation sans rejet
L’enjeu principal pour Meta ? Ne pas dénaturer l’esprit de Threads. Sa popularité repose encore largement sur son style conversationnel et minimaliste. Ajouter de la publicité, aussi fluide soit-elle, constitue une prise de risque non négligeable.
Tout dépendra de la fréquence d’apparition, de la pertinence des contenus promus, et surtout de leur capacité à ne pas briser le rythme de navigation. Meta n’a pas oublié les critiques virulentes subies lors de certaines campagnes jugées trop agressives sur Instagram ou Facebook. Elle avance donc avec prudence, mais détermination.
Une phase test à surveiller de près
Si Meta parvient à faire accepter ces nouvelles vidéos sponsorisées, le modèle pourrait rapidement être dupliqué sur ses autres plateformes, consolidant ainsi sa domination dans le paysage numérique. À l’inverse, un rejet massif des utilisateurs signerait un rappel à l’ordre sur les limites de la publicité intégrée.
D’ici là, la plateforme devra jouer serré : écouter sa communauté, ajuster ses algorithmes de diffusion, et éviter les erreurs du passé. Comme souvent dans la tech, la marge entre innovation bien accueillie et mauvaise décision stratégique est étroite.