L’application aux 80 millions d’utilisateurs actifs fait un bond en avant impressionnant, en s’appuyant sur l’intelligence artificielle pour déployer en un temps record des dizaines de nouveaux cours.
L’IA, moteur d’une expansion express
Il aura fallu douze ans à Duolingo pour développer ses 100 premiers cours. Il n’en a fallu que quelques mois pour en ajouter 148 de plus. Ce contraste vertigineux en dit long sur la mutation en cours : celle d’un apprentissage linguistique dopé à l’intelligence artificielle. Grâce à l’IA générative, Duolingo est désormais capable de produire du contenu pédagogique en masse, tout en le personnalisant pour des publics variés.
Pour Luis von Ahn, PDG et cofondateur de la plateforme, l’IA ne remplace pas les créateurs de contenu, mais les libère. Fini les goulets d’étranglement de la production manuelle : les équipes peuvent désormais concentrer leurs efforts sur la qualité, pendant que les algorithmes se chargent de la mise à l’échelle.
Une offre pensée pour les locuteurs du monde entier
Cette mise à jour ne se contente pas d’être massive : elle est aussi stratégiquement inclusive. Les hispanophones et lusophones ont désormais accès à des cours de japonais, coréen ou mandarin — jusqu’ici réservés à un nombre limité de langues sources. Quinze autres langues européennes, dont le français, l’allemand ou l’italien, bénéficient aussi de cette ouverture.
Et Duolingo ne s’arrête pas là : les locuteurs de coréen, vietnamien, indonésien ou tamoul peuvent à leur tour apprendre les sept langues les plus populaires de la plateforme. Cette symétrie linguistique illustre un objectif clair : faire de l’application une passerelle bidirectionnelle entre cultures, quels que soient les points de départ ou d’arrivée.
Apprentissage immersif, progression sur-mesure
L’enrichissement du catalogue s’accompagne de nouvelles fonctionnalités immersives. Les utilisateurs peuvent désormais s’exercer avec « Stories », des récits interactifs pour renforcer la compréhension écrite, ou encore « DuoRadio », une série audio pensée pour améliorer l’oreille linguistique.
La personnalisation ne s’arrête pas aux contenus : les niveaux s’adaptent en temps réel aux progrès de chaque apprenant. Une approche qui mise sur une pédagogie vivante, réactive et évolutive, bien loin du modèle rigide des manuels scolaires numériques.
Un modèle économique solide… mais sous pression
Duolingo voit grand. La société vise un chiffre d’affaires annuel flirtant avec le milliard de dollars, porté par ses abonnements premium et sa stratégie IA-first. Mais cette ambition se heurte à un contexte concurrentiel en pleine effervescence.
Google prépare activement son offensive avec un projet baptisé « Little Language Lessons », encore expérimental, mais déjà prometteur. Parmi ses premières initiatives : « Tiny Lesson », qui contextualise les apprentissages du quotidien, et « Word Cam », capable d’enseigner le vocabulaire à partir d’objets scannés par la caméra du téléphone.
Une course technologique à double tranchant
La bataille qui s’engage dépasse le seul champ des langues. Elle interroge l’avenir même de l’éducation numérique. Personnalisation, immersion, adaptabilité : autant de critères devenus non négociables. Reste à savoir quel acteur saura les conjuguer avec pertinence, éthique et efficacité.
Duolingo conserve une longueur d’avance grâce à sa base d’utilisateurs fidèles et à sa vision déjà bien ancrée. Mais l’accélération actuelle, stimulée par l’IA, promet des bouleversements rapides. Le prochain défi ? Ne pas se contenter de suivre le rythme, mais continuer à définir les règles du jeu.