Peu de secteurs connaissent une ascension aussi fulgurante que celui des start-ups technologiques en France, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle et des technologies vertes. En 2024, malgré un climat économique incertain, ces entreprises ont généré plus de 18 000 emplois supplémentaires. Comment expliquer cette dynamique et quelles en sont les répercussions à travers le pays ? Plongée au cœur de cette effervescence.
L’IA et le Green IT, moteurs d’emplois
L’année 2024 a vu une explosion des recrutements dans les start-ups spécialisées en IA et en Green IT. Près de 18 400 nouveaux postes ont été créés, soit une progression de 5,8 % par rapport à 2023, d’après les données du syndicat professionnel Numeum. Deux secteurs en pleine expansion qui confirment leur rôle clé au sein de la French Tech.
Leur succès s’explique en grande partie par leur réponse aux défis majeurs du moment : transition énergétique et transformation numérique. Les technologies vertes gagnent du terrain face à l’urgence climatique, tandis que l’IA continue de séduire grâce à ses applications dans l’automatisation, l’analyse prédictive ou encore l’optimisation des processus industriels. Autant d’opportunités qui attirent talents et investisseurs, dans un contexte où certaines activités informatiques plus traditionnelles peinent à se renouveler.
Une croissance inégale entre start-ups
Toutefois, l’embellie ne concerne pas l’ensemble des jeunes pousses. Selon l’étude menée par Numeum et Motherbase, seulement 35 à 40 % des start-ups enregistrent une progression continue de leur effectif. À l’inverse, près de 65 % d’entre elles peinent à se développer, victimes d’un marché concurrentiel et de difficultés d’adaptation.
Certaines entreprises ont même été contraintes de réduire leurs effectifs, conséquence de choix stratégiques inadaptés ou d’un accès restreint au financement. Dans ce contexte, la capacité à innover et à s’adapter aux fluctuations du marché s’impose comme un facteur décisif pour la survie et la croissance des start-ups.
L’Île-de-France toujours en tête, mais des régions émergent
L’un des enseignements clés de cette croissance réside dans sa répartition géographique. 86 % des créations de postes se sont concentrées en Île-de-France et dans le sud de la Loire. Paris domine toujours, avec plus de 10 000 nouveaux emplois enregistrés, grâce à son attractivité pour les talents et les capitaux.
Cependant, certaines régions commencent à se démarquer. Le Grand Est et l’Occitanie affichent des hausses respectives de 10 % et 19 %, traduisant une montée en puissance des écosystèmes tech en dehors des grands hubs traditionnels. Un signal encourageant pour la diversification du tissu entrepreneurial français, qui pourrait, à terme, favoriser un développement plus équilibré sur le territoire.
L’IA, eldorado des investisseurs
L’intelligence artificielle n’a pas seulement généré des emplois en 2024, elle a aussi attiré des financements records. Près de 1,7 milliard d’euros ont été levés pour des projets innovants, en grande majorité situés en région parisienne. Un afflux de capitaux qui témoigne de la confiance des investisseurs dans le potentiel de l’IA comme levier de croissance et d’optimisation.
Mais cette manne financière reste inégalement répartie. Les start-ups spécialisées dans la décarbonation et situées en dehors des grandes métropoles peinent à capter des fonds équivalents. Ce déséquilibre met en évidence les disparités d’accès aux financements et aux opportunités de développement, qui restent largement concentrées autour des grandes villes.
Une dynamique qui se maintient malgré un ralentissement
Si la croissance globale du secteur a ralenti par rapport aux années précédentes — passant de 13,3 % en 2021 à environ 6 % en 2024 —, la tendance reste positive. Chaque mois a vu plus de créations que de suppressions nettes de postes, avec un pic notable en avril et un léger creux estival, avant un rebond en fin d’année.
Au-delà des chiffres, cette dynamique illustre la résilience du tissu entrepreneurial français et la capacité des start-ups à innover malgré un contexte mondial incertain. L’IA et le Green IT ont prouvé qu’ils étaient bien plus que des tendances passagères : ils s’imposent comme les piliers de la nouvelle économie technologique et devraient continuer d’offrir des perspectives solides pour les années à venir.