Plan Deeptech : 2 600 startups actives, mais combien deviendront des leaders mondiaux ?

Plan Deeptech : 2 600 startups actives, mais combien deviendront des leaders mondiaux ?

Lancé il y a six ans sous l’égide de France 2030, le Plan Deeptech, orchestré par Bpifrance, affiche des résultats impressionnants : près de 2 600 startups actives aujourd’hui. Rien qu’en 2024, 385 nouvelles entreprises ont vu le jour, confirmant la montée en puissance de la France sur la scène deeptech européenne. Mais derrière ces chiffres encourageants, le véritable enjeu reste la transformation de ces jeunes pousses en leaders industriels et technologiques capables de rivaliser avec les géants internationaux.

Un écosystème structuré pour faire émerger des champions

Dès son lancement en 2019, le Plan Deeptech s’est donné un cap ambitieux : accélérer la création de startups spécialisées pour positionner la France comme un acteur de premier plan dans l’innovation de rupture. L’objectif ? Atteindre 500 créations de startups par an et structurer un vivier de technologies stratégiques.

Les résultats sont là : la France se distingue désormais dans les levées de fonds deeptech en Europe, une dynamique qui renforce la confiance des investisseurs et stimule l’ensemble de l’écosystème. Cette progression repose sur trois piliers essentiels :

  • Un soutien massif à la création d’entreprises innovantes
  • Un accompagnement pour leur développement et leur croissance
  • Une intégration renforcée dans l’écosystème européen

Pour Paul-François Fournier, directeur exécutif en charge de l’innovation chez Bpifrance, le pays doit capitaliser sur cette dynamique pour faire émerger de véritables champions technologiques. Un défi qui passe par un engagement fort de l’État et la mise en place d’un environnement propice à l’industrialisation de ces innovations.

Une nouvelle génération d’entrepreneurs deeptech

Si les startups deeptech étaient historiquement issues du monde académique, le paysage a radicalement changé ces dernières années. Aujourd’hui, 60 % des fondateurs viennent d’autres horizons, notamment du numérique, de l’industrie ou du monde des affaires. Une évolution qui apporte un souffle nouveau et élargit les perspectives du secteur.

Les 29 Pôles Universitaires d’Innovation jouent un rôle clé dans cette mutation. Ces hubs facilitent le passage de la recherche fondamentale à l’innovation appliquée, offrant aux entrepreneurs un accès privilégié aux ressources scientifiques et technologiques. Une maturation qui renforce encore l’attractivité de la France pour les talents et investisseurs internationaux.

Une baisse des financements, mais un secteur toujours porteur

Après une année 2023 exceptionnelle, les financements deeptech en 2024 ont atteint 2,8 milliards d’euros, en recul de 31 %. Un ralentissement relatif, qui ne remet pas en cause le potentiel du secteur. L’Intelligence Artificielle représente désormais 40 % des investissements, signe d’une concentration croissante des capitaux sur cette technologie clé.

Autre tendance marquante : la répartition géographique des financements. L’Île-de-France capte deux tiers des investissements, un phénomène qui interroge sur la nécessité d’une meilleure distribution des fonds à l’échelle nationale. Dans le même temps, de nouveaux acteurs financiers émergent pour soutenir les startups en phase de démarrage, preuve d’un écosystème en pleine structuration.

Des exits records qui renforcent la crédibilité du secteur

L’année écoulée a marqué un tournant avec 24 opérations d’exit réussies, un record pour les startups deeptech françaises. Ces succès témoignent d’une maturité accrue du secteur et d’une confiance renforcée des investisseurs.

Chaque sortie traduit une synergie réussie entre innovation technologique et opportunité commerciale, ouvrant la voie à de nouvelles collaborations internationales et à l’émergence d’un tissu entrepreneurial plus solide. Avec plus de 50 000 emplois créés et une contribution de 3,4 milliards d’euros à l’économie, la deeptech s’affirme comme un moteur structurant de la nouvelle économie française.

Le défi des prochaines années ? Transformer cette dynamique en puissance industrielle pour faire émerger des leaders capables de rivaliser sur la scène mondiale.