Les projets informatiques sont de plus en plus gourmands en souplesse, face à une évolution rapide des besoins technologiques et des exigences en termes de réactivité et d’adaptabilité. Les méthodes agiles, qui mettent en exergue une évolution incrémentale, des ajustements continus et une collaboration étroite avec les parties prenantes, répondent parfaitement à ces besoins.
Toutefois, dans un contexte où le cahier des charges est un outil structurant et indispensable pour définir les objectifs, anticiper les contraintes et baliser les attentes d’un projet, il n’est pas évident de concilier les deux approches. Comment alors, adapter le cahier des charges afin de le rendre compatible avec les principes de l’agilité ? Nous explorons avec vous les moyens de réunir ces deux dimensions en optant pour une approche hybride : un cahier des charges souple, évolutif et ajustable, proposant la stabilité initiale indispensable sans renoncer à la flexibilité de méthodes agiles.
Le rôle du cahier des charges dans un projet informatique traditionnel
Le cahier des charges est historiquement l’outil de référence pour le lancement et le pilotage d’un projet informatique. Document exhaustif qui relate les objectifs, fonctionnalités attendues, contraintes techniques, budget et délais du projet. Il sert à définir le cadre du projet, mais aussi de coordonner les équipes de développement, les parties prenantes et les clients autour d’une vision commune. Une formalisation qui simplifie la communication, clarifie les attentes et réduit les possibilités d’incompréhension, d’écarts de périmètre, ou de dépassement de budget.
Pour autant, si ce formalisme est sécuritaire, et présente de nombreux avantages, il a aussi ses limites : il rigidifie le projet, imposant un cadre figé dès le lancement. Les besoins des utilisateurs finaux évoluent fréquemment en cours de développement, et les innovations technologiques peuvent rendre certaines solutions obsolètes, et ce bien avant même la fin du projet. Dès lors le cahier des charges traditionnel s’avère inadapté aux dynamiques actuelles des projets informatiques.
L’agilité : flexibilité, adaptation et interaction continue
Les méthodes agiles ont été introduites face aux limites des approches conventionnelles en cascade. Le principe repose sur quatre piliers principaux : la satisfaction client par une livraison continue, l’accueil des changements, la collaboration avec les parties prenantes et l’interaction entre les membres de l’équipe.
L’approche agile est indiquée pour les projets informatiques puisqu’elle est répétitive. Elle permet de travailler en « sprints », soit en cycles de développement courts, pendant lesquels les travaux sont centrés sur des fonctionnalités spécifiques et peuvent ajuster leur travail selon les retours instantanés des utilisateurs.
Cette adaptabilité continue est un atout majeur pour contourner l’obsolescence des fonctionnalités développées et répondre aux attentes émergentes des utilisateurs en temps réel. Néanmoins, cette approche a ses limites, notamment si le cadre n’est pas défini auparavant, il peut alors être difficile de garder une vue d’ensemble du projet, d’anticiper les coûts, ou de suivre un planning rigoureux.
La nécessité d’une approche hybride : entre stabilité et agilité
Les besoins de stabilité et de flexibilité sont contradictoires, et l’approche hybride est une excellente méthode pour concilier les deux. Elle reprend la rigueur du cahier des charges et la souplesse de l’agilité. Pour bien comprendre, un cahier des charges hybride est un document cadre évolutif, les objectifs généraux sont clairement définis, tout en proposant une grande ouverture aux modifications à chaque étape du projet. Le document n’est pas figé, c’est plutôt un guide souple, qui accompagne les équipes dans une vision commune, pour une adaptation rapide aux changements de contexte.
Avec une approche hybride, le cahier des charges a un rôle clé, celui de balise. Toutefois, il est conçu pour être ajusté et réévalué à chaque sprint. Par exemple, il peut être structuré autour des histoires utilisateurs (« user stories »), qui décrivent les besoins et les attentes des utilisateurs finaux. Dès lors, ces « user stories » sont hiérarchisées par ordre de priorité et seront redéfinies selon les retours utilisateurs. Ainsi le projet maintient un direction claire, tout en s’offrant la possibilité de réorienter certaines fonctionnalités selon les évolutions.
En outre, le cahier des charges hybride peut inclure des éléments de flexibilité contractuels, pour que les parties prenantes puissent revoir certains objectifs et jalons au cours de l’avancée du projet. La collaboration est plus fluide, les conflits réduits en cas de changement de périmètre ou de délais.
Pour la rédaction d’un cahier des charges dans ce contexte hybride, vous trouverez de nombreux conseils à lire ici.
Les avantages d’un document-cadre flexible pour les projets agiles
Un cahier des charges hybride offre de multiples avantages dans la gestion d’un projet agile. Il permet de cadrer les attentes de chaque partie prenante dès l’origine du projet. Les visions des développeurs, des gestionnaires de projet comme des utilisateurs sont en phase. Une clarification des objectifs qui limite les malentendus et donne une direction limpide pour les équipes.
Par ailleurs, il offre une meilleure maîtrise des coûts et des délais. Les sprints agiles ont beau être réajustés en cours de projet, le cadre initial permet de suivre les grandes lignes budgétaires et temporelles, et de pallier toutes les dérives qui auraient pu compromettre la viabilité du projet.
Enfin, avec une telle approche, les utilisateurs finaux rapportent une plus grande satisfaction. La boucle de rétroaction continue participe à une produit final conforme aux attentes des utilisateurs, pour une qualité et une utilité des solutions livrées irréprochables. Le cahier des charges évolutif est un excellent support pour ces ajustements, et impulse un équilibre remarquable entre flexibilité et maîtrise du projet.
Mise en œuvre d’un cahier des charges hybride : bonnes pratiques
Pour un cahier des charges hybride, nous vous présentons quelques bonnes pratiques à ne pas négliger :
- Définir des objectifs clairs mais évolutifs : fixer les grandes lignes du projet, mais maintenez des zones de flexibilité pour les ajustements à venir
2. Rédiger des « user stories » détaillées et priorisées : optez pour une approche centrée sur l’utilisateur final et hiérarchiser les besoins prioritaires pour une prise en charge des retours optimale
3. Privilégier une collaboration active : toutes les parties prenantes doivent interagir pour évaluer et ajuster les attentes à chaque étape
4. Mettre en place des points de contrôle réguliers : intégrez des moments d’évaluation intermédiaires pour revoir les objectifs, évaluer les étapes franchies et maintenir une cohérence globale
5. Utiliser des indicateurs de performances ajustables : les indices de performances doivent pouvoir évoluer avec les ajustements du cahier des charges
La complexité et la dynamique des projets informatiques modernes doivent combiner rigueur et flexibilité. L’approche hybride offre un cadre structurant et la souplesse nécessaire face à des évolutions technologiques et des besoins perpétuels. Une approche qui maîtrise bien mieux les coûts et garantit une satisfaction accrue des utilisateurs grâce à un produit ajusté à leurs attentes.