Le géant des puces veut aller plus loin dans l’IA. Et pour ça, il mise sur un ingrédient de plus en plus convoité : des données générées artificiellement.
Un pas stratégique dans le monde des données générées
Nvidia continue de tracer son chemin au cœur de l’intelligence artificielle. Sa dernière prise : Gretel, une start-up californienne spécialisée dans les données synthétiques. En ajoutant cette brique à son édifice, la firme dirigée par Jensen Huang montre qu’elle ne se contente plus de fournir des GPU aux modèles d’IA : elle veut aussi peser sur ce qui alimente ces modèles.
Créée en 2020 à San Diego, Gretel s’est rapidement fait un nom grâce à des outils capables de générer des données textuelles, tabulaires ou temporelles, avec des réglages fins sur la confidentialité et la faisabilité statistique. Des caractéristiques clés dans un contexte où l’accès aux données réelles devient de plus en plus contraint.
L’intérêt de Nvidia ? Pouvoir proposer à ses clients développeurs une alternative robuste aux jeux de données traditionnels, souvent coûteux, sensibles ou simplement inaccessibles.
Des données synthétiques pour nourrir l’IA sans enfreindre la vie privée
L’enjeu est loin d’être anecdotique. L’IA a soif de données, mais les volumes exploitables s’épuisent, bridés par des règles de conformité ou de respect de la vie privée. Les données synthétiques, générées par des algorithmes eux-mêmes nourris de données réelles, offrent une voie de contournement précieuse.
Elles permettent de simuler une infinité de cas sans risquer une fuite d’information personnelle. C’est aussi un moyen de pallier les biais ou les déséquilibres de certaines bases de données, en injectant davantage de diversité.
Mais le tout-synthétique comporte aussi un risque : l’IA pourrait finir par apprendre uniquement à partir de données artificielles… et mal se comporter dans le monde réel. D’où la nécessité de combiner judicieusement les deux types de données. C’est sur ce terrain que l’expertise de Gretel peut faire la différence.
Une opération discrète mais coûteuse
Nvidia n’a pas communiqué officiellement le montant de la transaction. Pourtant, plusieurs sources évoquent un rachat estimé à plus de 320 millions de dollars — bien au-delà de la dernière valorisation connue de Gretel.
La jeune pousse avait levé 67,7 millions de dollars depuis sa création, avec le soutien de fonds comme Anthos Capital et Greylock Partners. Parmi ses clients figuraient déjà des acteurs aussi variés que Google ou le ministère de la Justice américain, preuve de la maturité de ses solutions.