Un plan national sur trois ans, une nouvelle structure dédiée, des ambitions internationales… L’État affine sa stratégie contre une criminalité devenue aussi immatérielle que redoutable.
Une criminalité sans frontières, en pleine mutation
La menace ne se limite plus aux rues ni aux frontières. La cybercriminalité s’infiltre dans nos vies, nos entreprises, nos institutions, avec une fluidité inquiétante. En France, cette réalité s’est imposée jusqu’aux plus hauts niveaux de l’État. Le ministère de l’Intérieur a donc dégainé une stratégie triennale ambitieuse, avec un objectif clair : reprendre le contrôle du cyberespace.
Avant de détailler cette nouvelle feuille de route, il faut en rappeler les contours. La cybercriminalité regroupe toutes les infractions impliquant directement ou indirectement des technologies numériques : attaques de systèmes informatiques, vols de données, mais aussi escroqueries en ligne, usurpations d’identité ou harcèlement numérique.
Deux grandes familles dominent : les atteintes technologiques pures, comme les intrusions ou les rançongiciels, et les crimes facilités par le numérique, où Internet devient l’outil du délit. Dans un monde hyperconnecté, les criminels évoluent vite — parfois plus vite que les institutions.
Beauvau entre dans l’arène numérique
Face à cette menace évolutive, le ministère de l’Intérieur a adopté un ton offensif. Depuis la Place Beauvau, Bruno Retailleau affiche une volonté de passer à l’action, en intégrant pleinement le numérique dans la lutte contre la criminalité organisée, au même titre que les trafics de drogue ou la pédocriminalité.
Un nouveau commandement a été créé : le COMCYBER-MI (Commandement du ministère de l’Intérieur pour le cyberespace). Cette entité devient le chef d’orchestre des efforts nationaux, mêlant surveillance active, coordination stratégique et propositions de régulation.
Quatre piliers pour une riposte structurée
La stratégie repose sur quatre axes fondateurs, chacun pensé pour couvrir un pan essentiel de la défense numérique.