Le front numérique s’embrase : selon un rapport technologique de référence, les cyberattaques attribuées à la Russie connaissent une envolée sans précédent depuis le début de l’année, touchant bien au-delà des cibles militaires habituelles.
Une intensification inédite des offensives russes
La Russie, régulièrement pointée du doigt pour ses activités offensives dans le cyberespace, franchit en 2025 un nouveau cap. Le rapport évoque une hausse de 25 % du volume d’attaques informatiques liées à des groupes agissant pour le compte ou sous la supervision d’intérêts russes. Une rupture nette avec les années précédentes, qui traduit un renforcement des capacités de cyberespionnage et de sabotage mobilisées par Moscou.
Le contexte géopolitique reste tendu, dominé par la guerre en Ukraine et les tensions avec l’Otan. Mais la nouveauté tient à l’élargissement des cibles : au-delà des administrations publiques, les hackers s’en prennent désormais à des entreprises privées, ONG et structures locales, considérées comme autant de points d’entrée potentiels vers des réseaux sensibles. La frontière entre zones militaires et civiles s’estompe, rendant la menace diffuse et omniprésente.
L’Ukraine toujours en première ligne, l’Otan dans le viseur
Un quart des attaques recensées entre janvier et juin 2025 viserait directement l’Ukraine. Le rapport illustre ainsi la centralité du front numérique dans la stratégie russe, où chaque administration, service public ou infrastructure critique devient une cible potentielle.
Mais les effets débordent largement les frontières ukrainiennes. La majorité des dix pays les plus visés appartient à l’Otan, signe d’une stratégie assumée de déstabilisation. En Europe, la France figure parmi les pays les plus exposés, confirmant que les tensions diplomatiques se traduisent désormais en lignes de code malveillant. Les attaques contre des systèmes civils ou économiques traduisent une volonté d’érosion progressive des défenses occidentales.
Des groupes structurés et des méthodes de plus en plus sophistiquées
Identifier formellement les auteurs d’une cyberattaque reste complexe, mais le rapport croise de multiples indicateurs techniques pour relier la plupart des campagnes à des entités étatiques ou paraétatiques russes. Ces groupes opèrent en réseaux hiérarchisés, capables de coordonner des offensives d’envergure, d’exploiter les failles logicielles les plus récentes et de contourner les dispositifs de défense avancés.
Leur mode opératoire évolue : externalisation de certaines tâches techniques, collaboration avec des groupes criminels ou utilisation de sous-traitants pour brouiller les pistes. Cette hybridation permet de multiplier les attaques à moindre coût tout en rendant leur attribution quasi impossible. Une PME sous-traitante d’un ministère ou d’un grand groupe devient alors une porte d’entrée idéale pour atteindre des cibles plus stratégiques.
Espionnage, sabotage et rançonnage : des objectifs multiples
Les motivations derrière ces offensives varient selon les contextes. En Ukraine, le sabotage de réseaux critiques reste courant. Dans les pays occidentaux, l’espionnage prend le dessus, visant à collecter des informations politiques, industrielles ou technologiques utiles aux intérêts russes.
D’autres campagnes, plus opportunistes, visent des objectifs financiers directs : attaques par rançongiciel, détournements de données ou fraudes numériques. Cette combinaison entre espionnage d’État et cybercriminalité financière rend la menace d’autant plus difficile à contrer, tant les frontières entre acteurs officiels et mercenaires numériques deviennent floues.
L’Europe face à la guerre numérique permanente
Cette montée en puissance des attaques souligne la vulnérabilité du tissu économique européen. Une simple intrusion dans une structure modeste peut servir de tremplin vers des cibles beaucoup plus sensibles, créant un effet domino difficile à contenir.
Pour les États membres de l’Otan, le défi dépasse la seule cybersécurité nationale. Il implique une coopération stratégique accrue, un partage systématique d’informations et une coordination renforcée entre secteurs public et privé.
Car à mesure que la guerre s’installe dans le cyberespace, la ligne de front ne se situe plus sur les cartes, mais dans chaque serveur, chaque réseau et chaque faille logicielle non corrigée.