Face aux développements récents concernant les sanctions occidentales contre la Russie, de nombreuses questions se posent quant à leurs effets sur l’industrie technologique russe. Les géants du cloud computing tels qu’Amazon, Microsoft et Google ont annoncé leur intention de mettre fin à leurs services pour les entreprises russes à partir du 20 mars 2024. Quel impact cela aura-t-il sur la Russie et quelles alternatives sont envisageables ?
L’annonce d’Amazon, Microsoft et Google
La décision de ces géants américains a été communiquée directement à la société russe Softline, qui a relayé l’information via plusieurs canaux, notamment une déclaration d’Elena Volotovskaya, vice-présidente des investissements chez Softline, sur leur chaîne Telegram. Selon Softline, l’arrêt de ces services signifie que les entreprises russes ne pourront plus utiliser ces produits cloud ni accéder aux données stockées dessus à partir de la date spécifiée.
Les enjeux pour l’industrie technologique russe
D’un côté, certains estiment que ces sanctions vont affaiblir considérablement le secteur technologique russe, qui dépend largement des infrastructures et services américains. D’autres voient cependant dans cette situation une opportunité pour la Russie de renforcer son indépendance vis-à-vis des pays occidentaux en développant ses propres solutions.
Le manque de solutions locales alternatives
Malgré les efforts déployés par la Russie pour créer son propre écosystème numérique, il semblerait que le pays ne dispose pas encore d’une offre locale suffisamment compétitive en matière de services cloud. Les entreprises russes devront donc probablement se tourner vers des fournisseurs étrangers non-américains, tels que les géants chinois du secteur, pour combler leurs besoins.
L’impact sur l’économie et les emplois
- Les sanctions économiques affectent également le marché du travail, avec une recrudescence des licenciements dans le secteur technologique.
- Les travailleurs russes éprouvent des difficultés à partir à l’étranger en raison des restrictions imposées par les réseaux Visa et Mastercard.
- Le gouvernement russe pourrait choisir de soutenir de façon plus importante les entreprises technologiques nationales afin de compenser ces pertes.
Le développement de l’internet souverain russe : Runet
Un aspect intéressant à prendre en compte est le projet de l’internet souverain russe, appelé Runet. Il s’agit d’un système conçu pour permettre au gouvernement russe de mieux contrôler et surveiller les flux d’information dans le cyberespace national. Ce réseau repose notamment sur un système de noms de domaine propre à la Russie, ce qui lui permettrait de continuer à fonctionner même en cas de coupure avec le web mondial.
Les objectifs affichés par les autorités russes
Selon le gouvernement russe, l’objectif de ce projet est d’assurer un internet stable, sûr et transparent pour la population. D’un point de vue technique, Runet est architecturé autour de dispositifs spéciaux intégrant des logiciels de surveillance aux milliers de points d’échange entre la Russie et le reste du monde. Les premiers tests menés en 2019 auraient été concluants, selon les autorités russes.
Incertitudes et perspectives d’avenir
Il est encore trop tôt pour évaluer pleinement l’impact qu’auront les sanctions occidentales sur l’industrie technologique russe à long terme. Toutefois, il est certain que ces mesures vont engendrer des transformations importantes, avec des entreprises forcées de s’adapter rapidement à de nouvelles contraintes et une stimulation potentielle de l’innovation au niveau local. Cependant, pour faire face aux défis émergents, la Russie devra sans doute intensifier ses efforts afin de développer des alternatives crédibles et compétitives aux géants américains.