La plateforme décentralisée tente de redorer le blason de la vérification, avec une approche plus sélective et moins mercantile que celle imposée par Elon Musk.
Un retour aux fondamentaux… en mieux pensé
Bluesky, le réseau social conçu comme une alternative ouverte à X (ex-Twitter), déploie à son tour un système de certification des comptes. Mais loin de copier simplement le badge bleu tel qu’il était autrefois utilisé, la plateforme réintroduit l’idée d’une vérification crédible – sans passer par la case abonnement.
Des « vérificateurs de confiance », issus d’institutions reconnues, seront chargés dans un premier temps de valider les identités. Une manière de garantir l’authenticité des profils tout en limitant la prolifération de faux comptes. Cette approche vise à restaurer la fiabilité des contenus et à offrir aux utilisateurs un repère clair dans un océan d’informations parfois douteuses.
Bluesky capitalise sur les erreurs de X
Le timing n’est pas anodin. Depuis qu’Elon Musk a transformé le système de certification en produit payant, les critiques pleuvent. Beaucoup estiment que la coche bleue de X a perdu toute sa valeur symbolique, devenue un simple marqueur d’abonnement au lieu d’un gage de légitimité.
Bluesky fait donc le pari inverse : remettre de l’ordre et de la confiance dans les identités numériques. Une stratégie qui lui permet non seulement de se distinguer de X, mais aussi de se positionner face à d’autres concurrents comme Threads. En reprenant l’idée initiale – garantir que les comptes influents sont bien ceux qu’ils prétendent être – tout en la modernisant, la plateforme cherche à renforcer son image de réseau social fiable.
Un lancement progressif, pas sans critiques
L’ouverture du système à tous les utilisateurs n’est pas encore d’actualité. Un formulaire en ligne est prévu, mais son déploiement reste conditionné à l’efficacité des premiers tests. En attendant, seuls quelques acteurs sélectionnés peuvent valider des comptes. Cette prudence pourrait éviter les dérives… ou générer une frustration croissante chez ceux qui attendent leur tour.
Déjà, certains s’interrogent sur la transparence du processus et la capacité des premiers « vérificateurs » à suivre le rythme. La réussite du modèle dépendra de la rigueur de l’exécution et de la clarté des règles appliquées, sous peine de reproduire, à plus petite échelle, les dérives du passé.
Un enjeu bien plus large que le badge
Dans un écosystème numérique où la désinformation devient la norme, toute initiative en faveur d’une meilleure identification des sources est précieuse. Bluesky envoie ici un signal fort : la crédibilité ne s’achète pas, elle se construit.
Reste à voir si cette promesse tiendra sur la durée. Car si le besoin de plateformes sûres est incontestable, la confiance des utilisateurs, elle, se mérite. Et le badge bleu, autrefois totem de légitimité, pourrait bien retrouver de sa superbe, à condition d’éviter les erreurs qui l’ont rendu insignifiant ailleurs.