La pression monte à Bruxelles. Google est soupçonné de favoriser ses propres services dans les résultats de son moteur de recherche, au détriment des concurrents. Selon la Commission européenne, les offres maison (réservations d’hôtels, comparateurs de prix ou encore achats en ligne) bénéficieraient d’un positionnement privilégié, biaisant la concurrence et limitant la visibilité des services alternatifs.
Le Digital Markets Act (DMA), entré en vigueur pour rééquilibrer le jeu entre géants et outsiders du numérique, interdit précisément ce type de pratiques. Google, de son côté, défend l’intégration de ses services comme un moyen d’améliorer l’expérience utilisateur. Mais pour les régulateurs, la ligne est franchie : la position dominante de l’entreprise implique des responsabilités accrues en matière d’équité.
Android, verrouillé par Google ?
Deuxième point d’achoppement : Google Play. Bruxelles s’attaque aussi aux conditions imposées aux développeurs d’applications sur Android. L’entreprise californienne limiterait la capacité des développeurs à proposer d’autres moyens de paiement ou à rediriger les utilisateurs vers des plateformes tierces, plus avantageuses.
Les frais prélevés — souvent autour de 30 % — sont également dans le viseur. Selon la Commission, ces pratiques freinent l’innovation et nuisent au portefeuille des utilisateurs. Google rétorque que ces règles garantissent la sécurité des utilisateurs et l’intégrité de son écosystème. Mais dans le cadre du DMA, cette justification pourrait ne plus suffire.
Un précédent aux effets systémiques
Ce bras de fer dépasse de loin la seule situation de Google. Une décision défavorable pourrait créer un précédent lourd pour d’autres géants comme Apple ou Meta, eux aussi soumis aux exigences du DMA. En toile de fond, c’est l’équilibre des forces dans le numérique européen qui est en jeu.
L’ouverture potentielle de ces plateformes pourrait transformer en profondeur l’économie numérique. De jeunes pousses ou acteurs européens, jusqu’ici relégués en seconde page, pourraient bénéficier d’une exposition inédite. Le débat pose donc une question centrale : à qui doit profiter la visibilité sur Internet ?
Des changements… à quel prix pour l’utilisateur ?
Si la Commission parvient à imposer ses vues, les effets pourraient être tangibles pour des millions d’internautes. Interface modifiée, résultats moins “intégrés”, nouvelles fenêtres de choix : ces ajustements peuvent perturber des usages bien installés.
Google met en garde contre un recul de la qualité et de la pertinence des services si ses intégrations sont bridées. L’entreprise défend son modèle comme un équilibre entre personnalisation, innovation et sécurité. Les régulateurs, eux, plaident pour plus de neutralité, quitte à bousculer les habitudes.