Malgré les déclarations officielles, la suspicion persiste : sur Instagram, l’usage de la formule « lien en bio » serait-il un frein à la visibilité ? Entre intuitions de créateurs, décryptages algorithmiques et communication institutionnelle, l’ombre du doute plane toujours.
Une suspicion née d’un manque structurel
La rumeur s’est installée sur un terreau fertile : Instagram ne permet pas d’ajouter de lien cliquable dans les légendes. Résultat, la formule « lien en bio » s’est imposée comme un passage obligé pour rediriger les internautes. Mais à force d’être répétée, elle intrigue. Certains créateurs affirment avoir constaté une baisse de performance dès qu’elle apparaît dans leurs publications.
Les théories se sont multipliées, certaines avançant qu’Instagram chercherait à éviter toute sortie de sa plateforme, en limitant artificiellement la portée de ce type de message. Et quand la plateforme reste opaque sur son algorithme, l’observation empirique devient reine.
La réponse ferme d’Adam Mosseri
Face à ces spéculations, le patron d’Instagram, Adam Mosseri, a tenu à clarifier les choses. Interrogé à plusieurs reprises, il a affirmé que l’expression « lien en bio » n’était en aucun cas pénalisée par l’algorithme. Il précise même l’utiliser fréquemment sur ses propres publications, sans observer de chute particulière de visibilité.
Ses déclarations sont sans ambiguïté : aucune ligne de code n’aurait été introduite pour freiner la diffusion des publications contenant cette mention, que ce soit dans le texte ou dans l’image.
Une mécanique algorithmique difficile à décoder
Le hic, c’est que les ressorts exacts de l’algorithme d’Instagram restent largement inconnus. Et les témoignages de créateurs continuent de s’accumuler, certains jurant avoir constaté des écarts notables selon qu’ils mentionnent ou non « lien en bio ».
Mais ces expérimentations manquent souvent de rigueur méthodologique. Un changement d’heure de publication, une variation dans le type de visuel ou une différence dans l’engagement habituel de la communauté peuvent suffire à fausser les comparaisons. Dans ce flou algorithmique, chaque signal est scruté à la loupe, parfois au prix de conclusions hâtives.
Une croyance entretenue par la culture des réseaux
Ce soupçon algorithmique tient aussi à la nature même des échanges entre créateurs : forums privés, groupes d’entraide, newsletters spécialisées… L’analyse empirique circule vite, et l’effet boule de neige peut donner l’illusion d’une vérité partagée.
Ajoutons à cela que les plateformes sociales, soucieuses de ménager leurs utilisateurs influents, n’interdisent jamais frontalement les pratiques qui les dérangent. Elles préfèrent parfois laisser planer un doute. Et le fait qu’Instagram ne facilite pas la sortie de la plateforme ne fait qu’alimenter ce sentiment diffus de restriction indirecte.
Une formule encore largement utilisée
Malgré ces suspicions, la formule « lien en bio » reste omniprésente, notamment chez les marques, artistes ou médias qui cherchent à convertir l’attention sociale en trafic qualifié. Et pour cause : en l’absence de meilleure alternative gratuite, elle reste le meilleur compromis.
Certaines marques préfèrent toutefois jouer la prudence, en adoptant des formulations détournées ou plus subtiles, par crainte d’être pénalisées. Une prudence qui, en soi, nourrit encore un peu plus la légende.
Ce que l’on peut raisonnablement conclure
À ce stade, rien ne permet d’affirmer objectivement que la mention « lien en bio » soit pénalisée par l’algorithme d’Instagram. Les déclarations officielles, corroborées par des médias spécialisés, vont clairement dans ce sens.
Mais dans un écosystème où chaque variation de portée suscite une interprétation, la défiance algorithmique reste un réflexe tenace. Jusqu’à preuve irréfutable du contraire, dans un sens comme dans l’autre, la prudence et l’expérimentation continueront de guider les pratiques des professionnels des réseaux sociaux.